Substances toxiques dans le quotidien – sources de danger insoupçonnées

Qu'est-ce qui est dangereux, malsain ou toxique pour nos animaux de compagnie?

Il s'agit de différents matériaux, produits, plantes et même aliments qui font partie de notre quotidien.

Plaisir ou désagrément?

Les uns ne sont que malsains, les autres sont légèrement à moyennement toxiques et provoquent des maux d'estomac et des malaises. Les baies de genièvre et l'avocat en sont des exemples. Mais il existe aussi des substances hautement toxiques qui, même en petites quantités, peuvent entraîner la mort chez l'humain et l'animal. Le cyanure contenu dans les noyaux des fruits à pépins ou les champignons toxiques comme l'amanite phalloïde en font partie. Mais même des fruits ou des denrées de luxe inoffensives pour l'humain, comme le raisin et le chocolat noir, peuvent être très toxiques pour le chien et le chat.

Bien sûr, l'effet toxique d'une substance dépend toujours de la dose. Comme l'a si bien dit Paracelse: «Tout est poison et rien n'est poison; c'est la dose qui fait le poison.» (Septem Defensiones 1538). La manière dont une substance agit à une certaine dose dépend parfois aussi de la constitution génétique d'un individu. Ainsi, des animaux de la même espèce, de la même race et de la même famille peuvent réagir différemment aux mêmes substances. Cette variabilité de l'effet s'appelle idiosyncrasie. Il peut donc arriver qu'un médicament déclenche des symptômes d'intoxication chez un animal, bien que le dosage du vétérinaire soit en fait correct.

Tenir à l'écart des museaux

Inutile de dire que les médicaments de la pharmacie familiale laissés à la portée des animaux domestiques représentent un danger pour eux. En effet, des médicaments apparemment inoffensifs pour l'humain peuvent déclencher des réactions très différentes ou beaucoup plus fortes chez les animaux. L'aspirine (acide acétylsalicylique) et le Dafalgan/paracétamol (acétaminophène) en sont des exemples. Chez le chien et le chat, ces deux analgésiques endommagent le foie et sont métabolisés dans le corps par la même enzyme. Chez le chat, cette enzyme n'est présente qu'en quantité insuffisante. La métabolisation du médicament est donc beaucoup plus lente. Par conséquent, les chats n'en digèrent que de très petites doses.

La prudence est également de mise en cas de traitement prolongé, car les muqueuses du tractus gastro-intestinal sont endommagées chez l'humain et l'animal. Des lésions hépatiques chez le chien et le chat peuvent également être provoquées par d'autres médicaments comme le Valium et certains antibiotiques (tétracyclines).

Douce tentation - pas pour les animaux

Les aliments, les additifs alimentaires et les déchets de cuisine sont une source de danger importante. Les déchets sont surtout toxiques en raison de la présence de moisissures et de bactéries, et peuvent entraîner de graves maladies. Mais il existe aussi des aliments qui, bien qu'inoffensifs pour l'humain, sont toxiques pour l'animal. L'ail, la ciboulette, les choux et les oignons en sont des exemples. À fortes doses, ils provoquent une destruction de l'hémoglobine chez différents animaux (dont le chien et le chat) et provoquent ainsi une anémie. Cela se produit de temps en temps chez les chiens nourris à table, lorsque des oignons et de l'ail ont été ajoutés à la sauce de la viande. Mais les chiens et les chats n'en mangent probablement pas de grandes quantités de leur plein gré.

Les aliments qui ont un goût sucré et qui sont donc volontiers mangés sont plus dangereux. Souvent, ils sont même donnés consciemment, sans savoir qu'ils sont toxiques. Le raisin, le chocolat noir et les noix de macadamia font partie de cette catégorie.

Les noix de macadamia ne sont toxiques que pour les chiens. En cas de consommation, elles peuvent entraîner la faiblesse, des tremblements, des difficultés de coordination pouvant aller jusqu'à la boiterie, des douleurs abdominales avec vomissements, des muqueuses pâles et une fièvre supérieure à 40 °C. La cause n'est pas connue. L'intoxication au raisin ne se produit également que chez les chiens. L'ingestion de raisins, de raisins secs et de marc de raisin utilisé comme engrais provoque, en grandes quantités, une insuffisance rénale chez le chien. La raison n'en est pas connue. Il est intéressant de noter que tous les chiens ne sont pas concernés et qu'aucune prédisposition raciale n'a été constatée jusqu'à présent. Apparemment, cela ne concerne que certains individus. Enfin, le fait que les raisins contiennent ou non des pépins ne joue aucun rôle dans la toxicité.

Une consommation de 10 à 30 g de raisins par kg de poids corporel (PC) ou d'environ 2,8 g de raisins secs par kg de PC peut déjà entraîner des symptômes. Les symptômes d'intoxication apparaissent au bout de quelques heures à un jour. Il y a d'abord des vomissements, puis de la léthargie, des douleurs abdominales et éventuellement de la diarrhée. En cas d'ingestion de grandes quantités, une insuffisance rénale aiguë peut survenir, suivie de la mort. Les animaux présentent souvent des taux élevés de calcium, de phosphore et d'urée dans le sang. Au microscope, on observe des nécroses des tubules rénaux (corps rénaux détruits). Le traitement est symptomatique et consiste en des perfusions. Pour soulager le rein, une dialyse peut être effectuée. Cette thérapie est toutefois très coûteuse et n'est pas toujours efficace.

Le chocolat noir peut être toxique pour les chiens, même en petites quantités. La substance active théobromine de la fève de cacao en est responsable. Celle-ci fait partie des méthylxanthines, le même groupe de substances que la caféine et la théophylline (contenues dans le thé). La caféine est décomposée en théobromine et en théophylline dans le corps.

Les premiers symptômes tels qu'une soif accrue, des diarrhées, des vomissements et un ventre gonflé apparaissent déjà dans les 2 à 4 heures. Selon la dose, les symptômes peuvent ensuite s'étendre à la circulation sanguine et au système nerveux central. Les conséquences sont une augmentation de la pression artérielle et de la fréquence du pouls, un rétrécissement des vaisseaux sanguins dans le cerveau, une diminution du seuil de sensibilité du système nerveux et, par conséquent, une agitation et des tremblements pouvant aller jusqu'à des convulsions. Sans traitement, une intoxication peut entraîner la mort en 12 à 36 heures. Une absorption chronique (absorption régulière pendant plusieurs jours) peut causer une insuffisance cardiaque.

La dose minimale de caféine pouvant déjà entraîner la mort est de 110 mg/kg PC chez le chien et de 80 mg/kg PC chez le chat, celle pour la théobromine de 100 mg/kg PC chez le chien. Des symptômes légers à modérés peuvent toutefois apparaître à partir de 20 mg/kg PC de caféine ou de théobromine, et des symptômes potentiellement mortels à partir de 60 mg/kg PC. Selon la teneur en cacao, le chocolat noir contient entre 5 et 26 mg/g de théobromine. En revanche, le chocolat au lait n'en contient qu'environ 2 mg/g et le chocolat blanc pratiquement aucun. La consommation d'une demi-barre de chocolat noir peut donc être fatale à un chien de 3 kg.

Très toxiques

Les plantes d'intérieur et d'extérieur représentent une autre source de danger. Nombre d'entre elles contiennent des substances toxiques dont les effets varient.

Voici une sélection de plantes d'intérieur et d'extérieur toxiques:

Espèce végétale  Type de plante    Toxicité
Liliacées Colchique
Muguet
Lis du Japon
+++ hautement toxique (tous)
 Amaryllidacées Amaryllis ++ hautement toxique
Aracées Aglaonème
Ailes d’anges
Philodendron
+++ hautement toxique
+ légèrement toxique
+ légèrement toxique
Euphorbiacées Poinsettia (étoile de Noël)
Acalypha (queue de chat)
Ricin
+ légèrement (à hautement) toxique
+ légèrement toxique
+++ hautement toxique

 

L'une des plantes toxiques connues est le poinsettia. En général, cette plante est peu toxique et ne provoque que des problèmes gastro-intestinaux. Mais il existe aussi des exemplaires très toxiques, dont la consommation entraîne des symptômes gastro-intestinaux avec vomissements, hypothermie, tremblements, puis œdème pulmonaire, ce qui peut être fatal.

Pour conclure, les suspects habituels

Les substances généralement corrosives telles que les sels, le soufre, le salpêtre, l'acide phosphorique et les bases comme l'ammoniaque ou l'hypochlorite de sodium peuvent provoquer des lésions de la peau et des muqueuses en cas de contact. Ces substances sont présentes dans les produits de nettoyage, les piles, les agents de blanchiment, les antirouilles, les poudres pour lave-vaisselle et de nombreux autres produits ménagers. D'autres substances dangereuses utilisées dans la maison et le jardin sont les herbicides (par ex. paraquat), les produits contre les rongeurs (coumarine/warfarine), les produits contre les limaces et les escargots (p. ex. (métaldéhyde) et les insecticides.

Certains insecticides utilisés pour traiter les ectoparasites (poux, tiques, puces, acariens) chez l'animal sont toxiques s'ils sont ingérés. Les parties de colliers anti-puces ou anti-tiques ingérées peuvent donc provoquer une intoxication. L'amitraze (principe actif des colliers anti-tiques), par exemple, empêche la libération d'insuline dans l'organisme. La conséquence de son ingestion est une augmentation du taux de glucose dans le sang.

Il faut en outre tenir compte des intoxications par les antigels propylène glycol et éthylène glycol. Ces substances ont un goût sucré et sont donc volontiers léchées sur le sol du garage. L'ingestion entraîne des lésions rénales.

Que faire en cas de suspicion d’intoxication?

En cas de suspicion, le vétérinaire doit être consulté immédiatement. La source de poison suspecte doit être apportée au cabinet, de préférence avec son emballage. Apporter également les vomissures ou le matériel rongé. En cas de contact de la source présumée de poison avec la peau, le pelage, les muqueuses et les yeux, le propriétaire peut essayer de les laver avec précaution à l'eau tiède. Si la matière est sèche, on peut essayer de l'enlever avec un aspirateur.


Source: weltdertiere.ch

Text: Dr. med. vet. Danya Wiederkehr ist Tierpathologin

Autres sources:
www.vetpharm.uzh.ch/perldocs/index_i.htm

Pathologic Basis of Veterinary Disease, M. McGavin, J. Zachary, Elsevier, ISBN 978-0-323-02870-7